La capacité de rêver, comme d’autres caractéristiques de notre biologie, est un produit de l’évolution darwinienne. Le rêve est apparu dans le règne animal bien plus tôt que nous ne pouvons l’imaginer. D’ailleurs, cela a même été décrit chez des animaux invertébrés tels que les araignées.
Ou encore chez la seiche, par exemple, chez laquelle on a décrit un type de sommeil très semblable au nôtre. Il possède une phase de sommeil (NREM) et une autre phase de forte activité neuronale et de mouvements oculaires (REM). Ce qui, en plus d’être présent chez les animaux à sang chaud, a également été décrit chez les poissons et les reptiles.
Cette différenciation du sommeil en deux phases est présente chez la seiche. Mais on peut aussi s’attendre à ce qu’elle le soit également chez d’autres céphalopodes anciens, tels que les nautiles. Et comme elle est attestée chez les oiseaux et les reptiles, pourquoi les dinosaures ne rêveraient-ils pas ?
Comment savoir si un animal rêve ?
À ce jour, les scientifiques utilisent deux méthodes pour étudier si un animal rêve.
- L’analyse de son activité cérébrale pendant le sommeil à l’aide de techniques telles que l’électroencéphalogramme : un type d’enregistrement que les experts utilisent chez des mammifères tels que l’homme, le rat et le chat.
- L’analyse de son comportement et de ses mouvements pendant le sommeil : cette méthode, qui utilise des critères comportementaux, sert à mesurer le sommeil chez des animaux tels que les grenouilles, les mouches et les vers.
Les dangers du sommeil
Lorsque nous dormons, nous nous déconnectons de notre environnement et des dangers qui en découlent.
C’est pourquoi les animaux considérés comme des proies, tels que les chevaux, dorment à peine 3 heures par jour. Pourtant, les prédateurs tels que les tigres, les lions ou nos chats domestiques, peuvent dormir entre 13 et 16 heures par jour.
Certains animaux marins comme les dauphins ont développé la capacité de se reposer en alternant sommeil et éveil dans chaque hémisphère cérébral. De sorte qu’ils ont toujours un demi hémisphère cérébral éveillé et vigilant.
Quel est donc l’intérêt de rêver ?
Le sommeil est lié à des bénéfices pour le système nerveux et la régénération cellulaire.
- Consolidation de la mémoire
- stabilité émotionnelle
- Maintien de l’homéostasie ou de l’équilibre cérébral
Les rêves servent à mémoriser et à inventer de nouvelles choses
On a observé chez les pinsons zébrés une activité cérébrale équivalente à celle qu’ils ont lorsqu’ils chantent. Et on a constaté que cette activité correspond note pour note à celle qu’ils ont lorsqu’ils chantent dans la vie réelle. Mais parfois, dans leurs rêves, ils chantent avec des notes différentes, c’est-à-dire qu’ils chantent une version.
On peut en conclure que les oiseaux ont non seulement la possibilité de se souvenir de ce qu’ils ont vécu pendant la journée lorsqu’ils rêvent, mais qu’ils ont aussi la possibilité d’être créatifs.
Combien de temps dure un rêve ?
Bien que tous les animaux se reposent, tous ne connaissent pas les deux phases du sommeil. La phase active (REM) est celle à partir de laquelle nous savons que les rêves les plus vifs émergent.
Pendant la phase REM, il arrive que
- l’activité cérébrale est intense et les yeux bougent rapidement
- le rythme cardiaque s’accélère
- la pression sanguine est similaire à celle de l’état de veille.
La phase REM chez la seiche ne dure que 2 à 3 minutes, pendant lesquelles elle change de couleur, comme elle le fait normalement pour se cacher ou pour attirer des proies ou des partenaires. La seiche rêverait donc d’une de ces situations pendant 3 minutes.
Les animaux sont-ils somnambules ?
Il existe une zone du cerveau qui nous empêche de bouger lorsque nous dormons, c’est-à-dire qui empêche le somnambulisme.
Lors d’une expérience menée en 1960, des neurones de cette zone ont été éliminés chez un certain nombre de chats, ce qui les a amenés à se promener et à effectuer des activités telles que suivre « quelque chose » des yeux ou montrer un comportement et des mouvements de chasse.
Peut-on influencer les rêves d’un animal ?
Une expérience menée sur des rats dans un labyrinthe a montré que oui. Dans cette expérience, on présente aux rats un son différent selon le côté du labyrinthe qu’ils doivent explorer (gauche/droite).
Lorsque ces rats s’endorment, ils s’exposent de manière différentielle à deux de ces sons. L’électroencéphalogramme du cerveau des rats permet d’observer que si le son émis est celui correspondant au côté gauche du labyrinthe, la même zone cérébrale s’active chez eux que lorsqu’ils se trouvent en état d’éveil et se tournent vers le côté gauche du labyrinthe.
Il en allait de même pour le son associé au côté droit du labyrinthe. Les neurones activés se trouvaient également dans la zone de l’hippocampe, ce qui indique que les rats forment des souvenirs pendant leur sommeil.
Les animaux se souviennent-ils de leurs rêves et sont-ils capables de les partager ?
Nous savons que c’est le cas des humains, et nous espérons ne pas être les seuls. Cependant, comme les animaux ne peuvent pas nous parler directement de leurs rêves, ces deux questions attendent toujours des réponses de la part de la science.
