L’OMS et l’ONUDC tirent la sonnette d’alarme. Leur dernier rapport révèle une crise sanitaire mondiale liée à la contamination de médicaments. Un fléau évitable qui a déjà coûté la vie à plus de 1 300 personnes, dont de nombreux enfants. Ces décès résultent d’ingrédients toxiques utilisés illégalement dans la fabrication de médicaments pourtant disponibles en pharmacie.
Les auteurs du rapport dénoncent une menace structurelle. Elle touche principalement les pays à revenu faible ou intermédiaire. Là où les contrôles sont rares, les réseaux criminels s’engouffrent. Ils exploitent les failles réglementaires pour introduire dans la chaîne d’approvisionnement des substances mortelles comme le diéthylène glycol (DEG) ou l’éthylène glycol (EG).
Ces solvants industriels n’ont rien à faire dans des produits destinés à la consommation humaine. Pourtant, ils remplacent des excipients légitimes comme la glycérine, le sorbitol ou le propylène glycol. On les retrouve dans des sirops contre la toux, du paracétamol liquide et d’autres traitements pédiatriques.
Depuis octobre 2022, l’OMS a diffusé sept alertes sur des médicaments liquides contaminés, souvent destinés aux enfants. Ces sirops circulaient dans plusieurs pays en développement, vendus sans ordonnance, parfois même sur des marchés informels.
Une chaîne d’approvisionnement infiltrée par le crime organisé
Le rapport souligne une réalité glaçante : ces empoisonnements n’ont rien d’accidentel. Des groupes criminels organisés orchestrent la fraude. Ils utilisent des étiquettes contrefaites, modifient les fiches de production et distribuent leurs produits toxiques sur des plateformes en ligne. Ces pratiques visent à maximiser les profits en réduisant les coûts, sans se soucier des conséquences humaines.
À lire8 médicaments courants qui nécessitent une ordonnance en raison d’effets secondaires découvertsLe marché pharmaceutique mondial repose sur des chaînes d’approvisionnement complexes. Lorsqu’un acteur insère un excipient frelaté à un maillon, tout le système s’effondre. Le manque de surveillance facilite cette infiltration. Trop souvent, les fabricants et distributeurs échappent aux contrôles, surtout dans les zones à régulation faible.
Le rapport dénonce aussi l’absence de suivi après la mise en vente. Peu d’États disposent de mécanismes de contrôle efficaces pour détecter ces excipients à haut risque une fois les produits en circulation.
Face à l’urgence, des mesures immédiates s’imposent
L’OMS et l’ONUDC appellent à un sursaut mondial. Renforcer les systèmes de réglementation devient indispensable pour éviter de nouvelles tragédies. Cela implique plus de contrôles, une meilleure traçabilité et une surveillance accrue, en particulier pour les produits destinés aux enfants.
Les agences insistent aussi sur la nécessité d’une réponse pénale. Sanctionner les auteurs de ces crimes représente un levier crucial pour stopper l’expansion du phénomène. L’implication des forces de l’ordre, des juges et des procureurs s’avère donc indispensable.
Chaque décès provoqué par ces substances aurait pu être évité. Ne rien faire aujourd’hui condamnerait d’autres enfants à subir le même sort. Le rapport alerte, preuves à l’appui. Désormais, le monde entier sait. Agir ne relève plus du choix. C’est une obligation.