Thon en conserve : l’enquête qui révèle une contamination inquiétante au mercure

Thon en conserve : des analyses récentes mettent en lumière un risque sanitaire qui inquiète consommateurs et autorités sanitaires.

Deux ONG viennent de dévoiler des résultats qui interpellent sur la sécurité alimentaire. Les analyses menées sur des boîtes de thon en Europe mettent en lumière une contamination généralisée.

Une enquête qui secoue le marché du thon

Foodwatch et Bloom ont étudié 148 boîtes de thon en conserve, issues de différentes marques vendues dans plusieurs pays européens. Les résultats révèlent un constat préoccupant : chaque échantillon contenait du mercure. Dans près de 60 % des cas, la quantité dépassait la limite maximale fixée par l’Union européenne pour cette espèce, soit 1 mg/kg.

La marque Petit Navire se retrouve au centre des inquiétudes. Une boîte achetée à Paris affichait un taux record de 3,9 mg/kg. Cela correspond à treize fois la limite légale, ce qui soulève de sérieuses interrogations sur le contrôle des produits mis en vente. Les ONG pointent un risque sanitaire direct et appellent à des révisions réglementaires urgentes.

Ce dépassement massif illustre une faille dans les normes actuelles. Contrairement à d’autres espèces de poissons, pour lesquelles la limite est fixée à 0,3 mg/kg, le thon bénéficie d’un seuil trois fois plus élevé. Selon Bloom, cette différence favorise la commercialisation de produits qui devraient être retirés du marché pour protéger les consommateurs.

Des risques bien connus pour la santé

Le mercure, et particulièrement sa forme méthylée, s’accumule dans l’organisme au fil du temps. Il s’agit d’un neurotoxique puissant, capable d’affecter le système nerveux central. Les symptômes d’une exposition prolongée peuvent aller de simples troubles de la mémoire à des problèmes moteurs, voire des déficits neurologiques sévères.

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Les populations les plus vulnérables restent les femmes enceintes, les enfants et les personnes âgées. Chez le fœtus et le jeune enfant, le méthylmercure peut provoquer des retards de développement ou des troubles du comportement. L’anses recommande de limiter la consommation de poissons prédateurs, comme le thon, qui accumulent naturellement plus de mercure.

Ce problème devient plus préoccupant lorsque l’on considère la fréquence de consommation. Le thon en conserve figure parmi les produits les plus présents dans les foyers, souvent consommé plusieurs fois par semaine. Une telle régularité augmente le risque d’accumulation dans l’organisme.

Vers un changement des règles et des habitudes

Les ONG réclament un alignement de la limite maximale pour le thon sur celle des autres poissons, à 0,3 mg/kg. Elles dénoncent un système de fixation des normes qui privilégie la tolérance commerciale au détriment de la santé publique. Cette révision permettrait d’écarter du marché des produits aujourd’hui jugés conformes malgré des taux de mercure élevés.

En attendant d’éventuelles décisions européennes, chacun peut réduire son exposition par des choix alimentaires variés. Alterner les espèces, limiter la consommation de poissons prédateurs et privilégier les poissons plus petits comme la sardine, le maquereau ou le colin contribue à réduire la charge en mercure. L’anses conseille de consommer du poisson deux fois par semaine, en variant entre poisson gras et poisson maigre.

Les femmes enceintes et allaitantes, ainsi que les jeunes enfants, doivent limiter le thon et autres grands prédateurs sauvages. Acheter auprès de différentes sources, qu’elles soient issues de la pêche ou de l’élevage, permet aussi de diversifier l’exposition aux contaminants potentiels. Ces gestes simples peuvent réduire significativement les risques liés au mercure tout en maintenant les apports bénéfiques du poisson.