Un grand requin blanc de 4,5 mètres aperçu et filmé près des côtes de Porquerolles

Un impressionnant requin blanc de 4,5 mètres filmé au large de Porquerolles : une rencontre rare avec le roi des mers au cœur des eaux méditerranéennes.

Les eaux françaises viennent de vivre un événement rarissime. Un grand requin blanc, filmé début novembre 2024 par un pêcheur au large de Porquerolles, a été formellement identifié par l’Observatoire Elasmed. L’animal nageait en surface à 600 mètres de la pointe du Sarranier, dans le parc national de Port-Cros.

L’apparition de ce prédateur de 3,5 à 4,5 mètres relance immédiatement les débats autour de la présence des grands requins dans la Méditerranée. Depuis des décennies, les scientifiques observent leur raréfaction, notamment à cause de la surpêche et du réchauffement climatique. Cette observation constitue donc un événement biologique majeur, rarement enregistré si près des côtes françaises.

L’association Émergence s’est réjouie de cette nouvelle sur les réseaux sociaux. Le grand requin blanc figure parmi les espèces classées en danger critique d’extinction. Depuis 20 ans, sa population a chuté de près de 45 %. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 1989 et 1998, 85 observations avaient été recensées. Entre 1999 et 2008, ce nombre est tombé à 46. Le spécimen filmé près de Porquerolles confirme un retour progressif de ce super-prédateur en Méditerranée.

Pourquoi le grand blanc revient-il dans les eaux françaises ?

Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Le réchauffement des eaux attire des espèces habituellement plus présentes au large, comme les requins. La réduction de la pêche au thon rouge permet également la reconstitution de chaînes alimentaires marines. Aujourd’hui, des zones protégées comme Port-Cros jouent un rôle majeur dans cet équilibre retrouvé.

Les grands requins suivent aussi les sources de nourriture. Les thons, les phoques ou les carcasses de cétacés morts attirent ces prédateurs. Ces aires marines protégées deviennent donc des lieux propices à leur passage. Une étude relayée par le CNRS en 2023 a démontré l’impact direct des changements climatiques sur la migration des requins. L’eau plus chaude, combinée à des modifications de salinité, modifie leurs trajectoires habituelles.

Le cas de Porquerolles n’est pas isolé. En septembre dernier, des requins peau bleue ont été observés en train de se nourrir au large de Sanary-sur-Mer. Ces signaux s’accumulent et traduisent une réorganisation des écosystèmes marins en Méditerranée.

Les autorités restent vigilantes. Les communes du Var ont rappelé plusieurs consignes aux usagers de la mer. Éviter la baignade dans une zone où un squale a été vu dans les 72 heures fait partie des précautions de base. Les préfectures recommandent aussi de ne pas jeter de déchets organiques à la mer et de rester groupé lors des baignades en eaux profondes.

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Les associations comme APECS ou Pelagos encouragent chaque citoyen à signaler ses observations via l’application Obsenmer. Chaque signalement améliore la connaissance des déplacements de ces prédateurs rares.

Le retour du grand blanc dans les eaux françaises pose de nouvelles questions. Les scientifiques envisagent désormais la création d’un observatoire franco-méditerranéen des grands prédateurs marins. Une demande récurrente des ONG, qui prend aujourd’hui un relief particulier face à ces observations inédites.