L’abbé Pierre fait l’objet de douze nouvelles accusations de violences sexuelles, d’après un rapport

Affaire Abbé Pierre : 12 nouvelles accusations s'ajoutent à la polémique autour de la figure emblématique, ravivant le débat sur son héritage.

Depuis juillet 2024, une vague de révélations secoue l’image emblématique de l’aide sociale en France : celle de l’abbé Pierre. Au cœur de cette tourmente, douze nouvelles accusations viennent s’ajouter à celles déjà portées. Sept concernent directement des mineurs au moment des faits, selon un rapport récent. Ce document, publié par le cabinet spécialisé Egaé, met en lumière des faits qui bouleversent la réputation de cette figure historique.

Ce n’est pas tout. Au total, Henri Grouès, connu sous le nom de l’abbé Pierre, doit désormais faire face à 45 accusations de violences se-xuelles. Ces révélations ravivent une douleur profonde parmi les victimes et laissent une marque indélébile dans le secteur de l’aide et de l’Église. La mise en lumière de ces actes pose la question de la responsabilité et de la nécessité de faire face à ce passé.

Un dispositif pour la réparation des victimes

Face à cette crise, Emmaüs et la Conférence des évêques de France (CEF) ont décidé d’agir rapidement. Leur objectif principal : instaurer un mécanisme de réparation financière pour les victimes. Les victimes concernées ont ainsi la possibilité de bénéficier d’un accompagnement spécifique.

Parmi elles, deux sœurs ont témoigné anonymement. L’une raconte qu’elle a été victime d’une masturbation forcée alors qu’elle venait d’avoir 11 ans, dans les années 70. Sa sœur, de son côté, a évoqué une fellation imposée à l’âge de 15 ans, qualifiée comme un viol.

Une autre victime a laissé un message par mail, décrivant au moins trois faits de violences se-xuelles. Elle avait à peine 10 ans lorsque ces actes se sont produits, dans les années 1990. D’autres témoignages rapportent des contacts inappropriés, comme celui d’une jeune fille de 17 ans en 1953. Elle voyageait en train et a été approchée de manière intrusive sous sa jupe. À son arrivée, les sœurs qui l’ont accueillie ont tenté de minimiser ses souffrances, la poussant à croire qu’elle avait tout imaginé.

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Il faut préciser que pour ces victimes, un dispositif spécifique a été conçu. La commission reconnaissance et réparation (CRR) prendra en charge la gestion de ces dossiers. Son rôle consiste à fournir une compensation financière, qui peut atteindre 60 000 euros.

Son fonctionnement, lancé dès septembre 2025, repose sur une responsabilisation partagée. En effet, Emmaüs et la CEF financent ce fonds avec leurs ressources propres, assumant une responsabilité collective dans cette démarche. Cette approche doit contribuer à réparer l’offense, mais aussi à restaurer la confiance.

Un pas vers la transparence et la justice

La mise en place d’un tel mécanisme s’inscrit dans un travail de lucidité et d’ouverture. Depuis la révélation des premières accusations, Emmaüs a créé une commission interne chargée de rechercher la vérité. Son rapport, attendu début 2027, devra apporter des éléments précis. La démarche montre une volonté sincère d’assumer l’histoire et d’avancer sur la voie de la justice.

Ce contexte de transparence, renforcé par la participation de plusieurs instances, incite à la responsabilisation. La Conférence des évêques de France, notamment, s’engage à prendre en charge directement les victimes qui l’ont contactée. La réparation financière constitue une étape essentielle pour apaiser les souffrances, et témoigne d’une volonté de reconnaître les erreurs du passé.