En mars 2024, la communauté scientifique a été surprise par le cas d’un patient allemand. En seulement 29 mois, cet homme de 62 ans a reçu 217 doses de différents vaccins contre la COVID-19. Une démarche volontaire, mais qui a suscité de nombreuses questions. La principale concerne l’impact de telles répétitions sur le système immunitaire. Comme il n’y a pas de recommandations pour de telles pratiques, cette situation intrigante a ouvert la voie à une étude approfondie.
Les chercheurs de l’Université d’Erlangen-Nuremberg ont décidé d’examiner de près ce cas particulier. Leur objectif ? Comprendre si l’immunité se renforce, s’affaiblit ou s’équilibre après chaque injection supplémentaire.
La recherche a permis d’évaluer plusieurs paramètres, dont la réponse immunitaire à l’aide de tests sanguins, salivaires, et spécifiques aux lymphocytes B et T. Résultat : malgré le nombre exceptionnel de doses, le système immunitaire du patient ne montre aucun signe de défaillance ou d’effets secondaires graves. Au contraire, il apparaît même renforcé.
À lire Retraite modeste ? Découvrez les aides de l’État et les conditions pour en bénéficier
Vaccins : un système immunitaire robuste et équilibré
L’étude a comparé la réponse immunitaire du patient hypervacciné à celle d’un groupe témoin. Ce dernier a reçu le schéma classique de trois doses d’ARNm. Les analyses ont montré que, chez le patient, le taux d’anticorps IgG contre la protéine Spike était dix fois supérieur à celui des témoins après la dose 214. En revanche, ces niveaux ont suivi une cinétique habituelle, avec une baisse progressive. Cela indique que la répétition des vaccins ne prolonge pas la durée de la protection, mais augmente l’intensité de la réponse.
De plus, la capacité neutralisante contre des variants comme Omicron était 11,5 fois plus forte chez le patient. Cette efficacité accrue provient principalement d’une concentration plus élevée d’anticorps, d’une meilleure qualité d’affinité, et de sous-classes d’IgG dans des proportions normales. La présence d’anticorps dans la salive, absente chez les témoins, révèle que la vaccination en série consolide aussi la défense muqueuse — un point crucial pour empêcher l’entrée du virus par voie respiratoire.
Ce qui est rassurant aussi, c’est que le patient ne présente pas d’anticorps contre la nucléocapside. Cela prouve qu’il n’a jamais contracté la maladie naturellement. Par conséquent, ses niveaux élevés d’anticorps sont uniquement dus à l’exposition aux vaccins. Enfin, le séquençage des lymphocytes B montre que la réponse reste équilibrée. Il n’y a pas d’expansion clonale incontrôlée ou d’hypermutation excessive, points souvent associés à des déséquilibres immunitaires.
Une réponse immunitaire efficace et durable
Par ailleurs, les lymphocytes T CD8+ spécifiques de l’épitope LTDEMIAQY sont multipliés par six par rapport au groupe témoin. Pourtant, ces cellules conservent leur diversité clonale et leur sensibilité, évitant ainsi tout signe d’épuisement. Lors de tests en laboratoire, elles ont montré une capacité de prolifération similaire à celle des témoins. De plus, elles sécrètent des cytokines essentielles, comme l’interféron gamma et la granzyme B, indispensables pour éliminer rapidement le virus en cas d’infection.
À lire Vaccin Covid-19 : la liste des effets indésirables persistants s’allonge
Une particularité notable concerne la sensibilité accrue du patient à de faibles doses d’antigènes, surtout au niveau des lymphocytes T CD8+. Cela pourrait lui conférer une réponse plus rapide lors d’un contact viral. Enfin, le système immunitaire conserve des réservoirs durables grâce à la présence de cellules de mémoire. Ce mécanisme évite l’épuisement et préserve la capacité de réponse à long terme.
Ce cas unique confirme que la plateforme d’ARNm, même après de nombreuses doses, reste sûre et efficace. Aucun signe de toxicité hématologique, hépatique ou auto-immune n’est observé. Pour le public, cette étude apporte une information importante : la vaccination, même en série, n’affaiblit pas le système immunitaire. Au contraire, elle peut renforcer la protection, tout en respectant les recommandations officielles. Néanmoins, il reste crucial d’éviter les pratiques non encadrées ou excessives, afin de préserver la sécurité de tous.