L’été 1998 s’annonçait calme dans la région des Hautes-Alpes. Les sentiers de randonnée accueillaient des familles venues profiter du soleil. Parmi elles, la famille Morel : Marc, 39 ans, infirmier, sa femme Sophie, 36 ans, et leurs deux enfants, Camille et Julien, âgés de 10 et 7 ans. Ils partent pour une randonnée prévue sur deux jours. Un itinéraire bien connu. Niveau facile. Le genre de sortie qu’ils faisaient souvent.
Une disparition totale, sans aucune trace
Les secours agissent rapidement. Gendarmes, chiens, hélicoptères : tout est mobilisé. Les recherches durent trois semaines. Aucun indice. Aucune empreinte. Ni vêtements, ni sac à dos. Certains évoquent une fuite volontaire. D’autres parlent d’accident. Les proches n’y croient pas. Marc aimait trop la montagne pour prendre des risques inutiles. Sophie préparait toujours tout avec soin.
L’enquête se referme, faute de preuves. Les années passent. Le dossier dort, oublié dans une armoire. La famille Morel devient une silhouette floue dans les archives de la gendarmerie.
Août 2021. Deux grimpeurs amateurs décident de quitter les sentiers battus. Ils cherchent des coins peu connus, plus sauvages. Au nord du massif, ils repèrent une crevasse étroite, jamais signalée sur les cartes. En s’approchant, ils sentent une odeur étrange. Ils pensent d’abord à un animal mort. Mais l’un d’eux remarque un morceau de tissu coincé entre deux roches. Bleu ciel. Sale, mais intact.
Ils éclairent l’intérieur avec leurs lampes frontales. Ce qu’ils voient les fige.
Un été brûlant, une fissure, une vérité
Des ossements humains. Plusieurs. Et à côté, un petit sac à dos d’enfant, usé par le temps. À l’intérieur : une boîte de feutres, une photo jaunie d’une famille souriante, un ticket de bus daté du 5 juillet 1998.
Les secours interviennent dès le lendemain. La descente est difficile. Les corps ont glissé dans la faille, invisible depuis le sentier. Aucun moyen de les voir sans grimper jusqu’à cet angle précis.
Les analyses confirment l’identité : Marc, Sophie, Camille, Julien. Leur voiture, garée à l’entrée du sentier, avait été remorquée des années plus tôt.
À lireLa tragédie de la famille décédée à Villa Devoto : des retrouvailles après un voyage à la tragédie silencieuseLes enquêteurs reconstituent les faits. Un passage rocheux s’est effondré sous leurs pieds. Toute la famille a chuté de plusieurs mètres. La crevasse, étroite et profonde, a tout absorbé. Le silence, la roche et le temps ont fait disparaître toute trace.
Les proches apprennent la nouvelle avec émotion. La sœur de Marc témoigne : « On n’a jamais cessé d’y croire. Même après 20 ans. »
La montagne, belle et rude, a finalement rendu ce qu’elle avait gardé trop longtemps. La famille Morel repose désormais dans leur village natal, réunie à jamais.