Le pape Léon XIV, chef spirituel de 1,4 milliard de catholiques dans le monde, se trouve dans une position unique. Né à Chicago en 1955 sous le nom de Robert Prévost, il possède deux nationalités : américaine et péruvienne. Cependant, son accession à la tête de l’Église catholique soulève des questions juridiques inédites.
En plus d’être le chef religieux, il devient aussi le chef d’Etat de la Cité du Vatican, la plus petite nation au monde. Cette double fonction complique la question de sa citoyenneté américaine. Peut-il encore conserver cette citoyenneté tout en occupant un poste aussi élevé dans un État étranger ?
Une position juridique délicate pour le pape Léon XIV, citoyen américain

Depuis son accession, la question de sa citoyenneté américaine devient centrale. La Cité du Vatican, ses 0,43 km² et ses quelques centaines d’habitants, sont indépendants depuis 1929. Pourtant, le cas de Léon XIV pose la question de la double citoyenneté. En général, les citoyens américains ne perdent pas leur nationalité simplement en occupant des fonctions dans des gouvernements étrangers.
Selon le Département d’État américain, cela peut cependant faire l’objet d’un examen particulier. En effet, le département indique qu’il peut “examiner activement” la citoyenneté d’un Américain exerçant des fonctions de haut rang, notamment celles de chef d’État ou de gouvernement. En pratique, cela soulève un point crucial : le droit international et la législation américaine s’imbrittent.
Le dilemme de l’immunité et de la citoyenneté
Une difficulté majeure touche à l’immunité dont bénéficie le pape. En tant que chef d’État, il jouit d’un niveau élevé d’immunité face à la justice américaine. Or, celle-ci peut entrer en conflit avec la conception constitutionnelle selon laquelle aucun citoyen américain ne devrait être “au-dessus des lois”. La question reste donc : si Léon XIV conserve sa citoyenneté, la législation américaine peut-elle lui imposer des restrictions ?
Selon Peter Spiro, professeur expert en droit de la citoyenneté, il est peu probable que les États-Unis cherchent à retirer la citoyenneté du pape. La Cour suprême a en effet confirmé en 1980 qu’un Américain ne peut la perdre à moins de le faire volontairement. Puisque le pape n’a pas manifesté d’intention de renonciation, la révoquer serait très difficile. En résumé, sauf renonciation volontaire, il est probable que Léon XIV reste citoyen américain. Toutefois, la situation demeure complexe juridiquement.
Pape Léon XIV : une double nationalité en harmonie, pour le moment
Concernant sa nationalité péruvienne, il n’y a pas d’obstacle à son maintien. En 2015, il a obtenu la citoyenneté péruvienne sans difficulté. La loi péruvienne permet aux étrangers naturalisés de demeurer citoyens, même s’ils accèdent à une fonction importante. Résider au Pérou pendant deux ans et réussir un examen d’instruction civique lui ont permis d’obtenir cette nationalité.
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Par ailleurs, il est capable de voter dans ce pays jusqu’à l’âge de 69 ans. La question du devenir de sa citoyenneté lors de son entrée dans la fonction papale reste, pour le moment, une inconnue. Le Vatican ne divulgue pas cette information concernant ses prédécesseurs. Pourtant, certains papes, comme François, ont renouvelé leur passeport dans leur pays d’origine. Quant à Jean-Paul II ou Benoît XVI, ils ont gardé leur citoyenneté, sans jamais renoncer officiellement.
L’impact de ses premières déclarations et de son symbolisme
Le début de son pontificat a également été marqué par des gestes symboliques. Par exemple, le pape Léon XIV a prononcé son premier discours en italien et en espagnol, évitant l’anglais. Selon Margaret Susan Thompson, spécialiste du catholicisme américain, cela montre qu’il souhaite affirmer son rôle de pape universel.
Il ne veut pas que l’on pense à lui simplement comme un Américain occupant cette fonction. Ces choix linguistiques envoient un message fort, soulignant que sa mission s’étend bien au-delà de sa nationalité. En définitive, la question de sa citoyenneté demeure une affaire de droit, mais aussi de symbolisme.