Des millions de retraités pourraient subir une hausse d’impôt dès 2026. Entre l’augmentation de la CSG, la suppression de l’abattement fiscal de 10 % et un gel possible du barème, plusieurs mesures sont à l’étude. Dans un contexte de déficit record, le gouvernement cherche de nouvelles recettes. Mais combien cela pourrait-il coûter concrètement aux seniors ?
Pourquoi les retraités risquent d’être visés en 2026
Depuis 2024, les finances publiques se dégradent rapidement. Selon la Cour des comptes, le déficit a atteint 175 milliards d’euros, soit 6 % du PIB. La dette dépasse 3 300 milliards, et les intérêts coûtent déjà 59 milliards chaque année. Résultat : l’État doit trouver 110 milliards d’euros d’économies d’ici quelques années.
Dans ce contexte, les retraités apparaissent comme une cible fiscale privilégiée. Plusieurs raisons expliquent ce choix :
Leurs pensions sont stables et faciles à imposer.
Les retraites représentent plus de 14 % du PIB, soit un poids budgétaire énorme.
Le sentiment d’injustice entre actifs et retraités alimente l’idée d’une contribution « équitable ».
Enfin, la France reste le seul grand pays de la zone euro dont la situation budgétaire continue de se détériorer.
Face à cette urgence, le gouvernement envisage trois mesures phares pour 2026.
1. Une hausse de la CSG sur les pensions
Aujourd’hui, les retraités imposables paient 8,3 % de CSG. Le taux pourrait grimper à 9,2 % pour l’aligner sur celui des actifs.
Concrètement, un retraité touchant 2 500 € par mois paierait environ 270 € de plus par an. Pour un couple percevant 3 800 € brut mensuels, la facture grimperait de près de 410 €. Plus de 5 millions de foyers seraient concernés.
2. La suppression de l’abattement fiscal de 10 %
Actuellement, chaque pension bénéficie d’un abattement automatique plafonné à 4 321 € par foyer. Sa suppression doublerait parfois l’impôt.
Par exemple, un couple recevant 40 000 € par an verrait son impôt passer de 609 € à 1 248 €. Pour un foyer à 65 000 €, la hausse atteindrait 1 320 € par an. Environ 8,9 millions de retraités seraient impactés, dont 500 000 deviendraient imposables pour la première fois.
3. Le gel du barème fiscal
Autre scénario : bloquer la revalorisation du barème en 2026. Même sans augmentation de pension, certains retraités basculeraient dans une tranche supérieure. Cette hausse invisible, connue sous le nom de « bracket creep », rapporterait plusieurs milliards à l’État.
Combien les retraités pourraient-ils perdre ?
Les simulations donnent une idée concrète des conséquences :
À lireRetraites : le PS déclare que François Bayrou « ne freine en rien notre volonté de le censurer »Retraité seul avec 2 500 €/mois : +270 € de CSG et +390 € d’impôt, soit environ +660 € par an.
Couple avec 3 800 € brut/mois : +378 € de CSG et +700 € d’impôt, soit près de +1 100 € de plus par an.
Retraité modeste avec 1 300 €/mois : hausse limitée, entre 0 et +80 €.
Pour beaucoup de foyers, la facture grimperait de plusieurs centaines d’euros chaque année.
À ce stade, rien n’a encore été voté. Mais les signaux sont clairs : le Projet de loi de finances 2026, débattu à l’automne 2025, pourrait confirmer ces pistes. Le gouvernement veut montrer à Bruxelles sa volonté de réduire le déficit, même si cela signifie taxer davantage les retraités.