Jennifer Aniston face à David Letterman : une ancienne vidéo refait surface

L’époque a changé, mais certaines images du passé reviennent troubler le présent. La télévision des années 90, autrefois perçue comme légère ou décalée, révèle aujourd’hui un malaise bien plus profond. Plusieurs interviews de célébrités féminines réalisées sur des plateaux très regardés suscitent désormais la colère. L’émission de David Letterman figure en tête de ces polémiques.

Récemment, une séquence de 1998 avec Jennifer Aniston a resurgi. L’actrice venait présenter « L’Objet de mon affection ». Ce qui devait être une simple conversation promotionnelle s’est transformé en moment dérangeant. Letterman, soudainement, a déplacé sa chaise derrière elle. Il l’a prévenue d’un geste qu’il qualifie lui-même d’impoli, puis a mis une mèche de ses cheveux dans sa bouche.

Le public a ri. Aniston, figée, a demandé : « Qu’est-ce que tu fais ? » Un rire gêné a tenté de masquer son trouble. Letterman, lui, a simplement offert un mouchoir. Il a même justifié son geste par le récit d’Aniston sur un hammam.

Ce moment ne passe plus. Il choque. Il heurte. Et surtout, il rappelle à quel point certaines limites semblaient floues à l’époque. Les réactions en ligne n’ont pas tardé. Des internautes ont exprimé leur colère, leur incompréhension et leur dégoût. Ce genre de comportement n’aurait jamais dû se produire. Même en 1998.

Une époque remise en question

L’extrait partagé massivement sur les réseaux sociaux révèle un changement de mentalité. De nombreuses personnalités féminines, invitées dans ces mêmes émissions, ont déjà vécu des moments similaires. Lindsay Lohan, par exemple, a dû faire face à des questions insistantes sur sa cure de désintoxication lors d’un passage en 2013. Elle avait pourtant demandé à éviter le sujet. Letterman a ignoré la demande. Il a insisté. Il a plaisanté. Elle, mal à l’aise, l’a rappelé en direct. Ce genre de scène dérange de plus en plus.

Nell Scovell, ancienne scénariste de « Late Night with David Letterman », a dénoncé dès 2009 l’ambiance très masculine régnant en coulisses, ainsi que l’absence flagrante de parité. Dans un essai publié cette année-là, elle décrit un environnement peu accueillant pour les femmes. Plus tard, elle a rencontré David Letterman, qui lui a présenté des excuses. Il a reconnu avoir manqué de vigilance, parlant d’une forme d’inertie et d’un aveuglement face à des erreurs qui, avec le recul, lui semblent aujourd’hui évidentes.

Ce discours soulève une autre question : comment un tel contenu a-t-il été diffusé sans réaction ? L’excuse du contexte culturel ne suffit plus. Les spectateurs veulent du respect, pas du spectacle au détriment des invités. Et chaque archive qui refait surface ajoute une couche à ce constat.

Ces images servent aujourd’hui d’alerte. Elles rappellent que la normalisation de gestes déplacés trouve sa source dans l’indifférence collective. Et cette indifférence n’a plus sa place. Répéter qu’on ne tolérera plus ces attitudes ne suffit pas. Il faut le prouver. Chaque séquence partagée, commentée, dénoncée y contribue.