Imaginez un paysage dévasté par la fureur d’un ouragan. Les arbres ne sont plus que des squelettes brisés et la vie semble avoir disparu. Mais au milieu de ce chaos, une scène insolite se déroule. Des groupes de singes partagent les rares zones d’ombre que les restes d’arbres offrent.
L’ouragan Maria bouleverse la hiérarchie sociale des singes de Porto Rico
L’ouragan Maria a frappé Porto Rico avec une force inouïe en 2017, laissant derrière lui « une île dévastée et des milliers de victimes ». Sur son passage, le monstre météorologique a d’abord frappé Cayo Santiago, une petite île abritant une communauté de macaques rhésus.
Avant l’ouragan, Cayo Santiago était un havre de verdure. Les arbres ombragés procuraient un refuge contre la chaleur écrasante, qui dépasse souvent les 40°C en milieu de journée. Mais le passage de Maria, un ouragan de catégorie 4, a transformé ce paradis en paysage lunaire.
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En effet, les vents violents ont déraciné les arbres, laissant derrière eux des troncs dénudés et une ressource vitale en pénurie. Des années après le passage de l’ouragan, la végétation peine à se reconstituer. L’ombre, autrefois abondante et offrant jusqu’à 7°C de fraîcheur, est devenue un bien précieux et rare.
Face à cette situation, les scientifiques redoutaient une intensification des conflits entre les singes pour l’accès à cette ressource essentielle. En effet, les macaques rhésus de Cayo Santiago adoptent souvent un comportement agressif au sein de leur hiérarchie sociale. Cependant, les observations ont révélé un phénomène inattendu !
La coopération face à l’adversité
Loin de s’affronter, les singes adoptent une attitude plus tolérante et moins agressive les uns envers les autres. « Nous étions surpris de constater ce changement de comportement », explique une professeure d’éthologie. Pour étudier l’évolution du comportement des macaques, les chercheurs ont analysé les données de sept groupes.
Ils regroupent un total de 790 singes adultes. Ces données, collectées sur une période de dix ans, couvrent cinq années avant l’ouragan et cinq années après. Les résultats ont montré une augmentation bien notable de la tolérance sociale chez les singes !
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Cette tolérance, mesurée par l’acceptation d’un autre individu à moins de deux mètres, a triplé après le passage de Maria. Ce comportement, bien qu’ayant légèrement diminué depuis 2023, reste encore deux fois supérieur à ce qu’il était avant l’ouragan.
Il est important de souligner que la densité de population sur Cayo Santiago est très élevée. En effet, celle-ci est comparable à celle d’une grande ville comme New York (plus de 10 000 habitants par km²). Or, cette densité n’a pas changé au cours de la période d’étude. Ce qui exclut ce facteur comme explication du changement de comportement observé.
Quel est l’impact d’un ouragan sur la vie marine ?
La force des ouragans se répercute bien au-delà de la surface de l’océan. Les courants générés par ces tempêtes peuvent remuer les sédiments du fond marin, des profondeurs de plus de 90 mètres. Ce bouleversement soudain a des conséquences importantes sur la vie marine. De nombreuses créatures, comme les vers, les mollusques et les crustacés se retrouvent exposées et désorientées. Face à ce chaos, leur instinct de survie les pousse à plonger plus profondément dans les eaux.
Les mammifères marins, comme les dauphins et les baleines, sont plus lents. Ils peuvent tenter d’échapper à la trajectoire d’un ouragan. Cependant, bien d’entre eux se retrouvent piégés dans des zones côtières lorsque la tempête frappe.
Ces habitats d’eau douce, habituellement accueillants, deviennent alors des pièges mortels pour ces animaux marins qui ne peuvent y survivre.