Hazel et l’homme de la nuit pas de famille. Pas de maison. Seulement un chat qui dormait sur sa poitrine chaque nuit. Cet homme avait perdu beaucoup, mais il gardait une certitude. « Elle m’a choisi », disait-il en parlant de Hazel, une petite chatte rousse. Ce lien paraissait incassable.
Je l’ai remarqué pour la première fois après minuit. Il était allongé devant une laverie, sur un tapis usé. Au-dessus de lui, l’enseigne clignotait, grésillant dans le silence de la rue. Hazel reposait sur lui comme si elle avait trouvé le seul endroit au monde qui comptait. Ses chaussures tenaient grâce à du ruban gris. Son sac plastique rassemblait ses quelques affaires. Rien d’autre n’existait.
Chaque soir, je quittais mon service au café avec de la soupe, un peu de pain, parfois un muffin. Il ne demandait rien. Il prenait ce qu’on lui tendait, jamais plus. Et toujours, il coupait le premier morceau pour Hazel. Quand je lui ai demandé son nom, il a caressé l’oreille de la chatte. « Hazel. Elle m’a choisi. »
Son récit m’a marqué. Sa famille avait disparu. Sa mère était morte. Aucun refuge n’avait accepté d’accueillir Hazel. Alors il avait pris une décision claire : rester dehors plutôt que de l’abandonner.
« Si elle n’est pas acceptée, moi non plus », a-t-il dit avec un calme qui résonnait longtemps après.
La disparition soudaine

Une semaine plus tard, je suis repassé devant la laverie. Le tapis était vide. Plus de silhouette. Plus de souffle sous l’enseigne bourdonnante. Ni lui, ni Hazel. L’espace paraissait soudain plus froid.
J’ai cherché du regard, encore et encore. Rien. Pas de sac. Pas de traces. Juste ce vide qui s’installe quand on comprend qu’une rencontre éphémère s’est effacée.
À lireMites des vêtements : avez-vous déjà vu ces insectes chez vous ? Savez-vous ce que c’est ? On les appelle « mites des vêtements » et voici tout ce que vous devez savoirPourtant, le destin n’en avait pas fini. Ce matin-là, je marchais vers l’arrêt de bus, les pensées encore chargées de ce silence. Et là, sur le trottoir, Hazel était assise. Sa petite silhouette orange contrastait avec le béton gris. Elle me fixait, immobile, comme si elle savait que j’allais passer par là.
Nos regards se sont croisés. Son regard ne tremblait pas. Elle attendait. Comme si l’histoire n’était pas terminée.
Une rencontre qui change tout
À ce moment précis, je compris ce qu’il voulait dire lorsqu’il répétait : « Elle m’a choisi. » Hazel n’avait jamais eu besoin de maison. Elle avait seulement besoin d’une présence. Et maintenant, c’était la mienne qu’elle suivait.
Je me suis accroupi. Hazel s’est approchée sans hésitation. Elle a frotté sa tête contre ma main comme si le lien était déjà scellé. Je l’ai soulevée doucement. Son ronronnement a rempli le silence.
À lireVous ne devriez jamais dormir dans cette position : c’est la pireIl n’y avait plus de question à poser. Le destin de Hazel avait basculé. Le mien aussi.
Depuis ce jour, elle dort chaque nuit à mes côtés. Elle a gardé son habitude, celle d’offrir sa confiance comme un cadeau précieux. Moi, j’ai trouvé bien plus qu’un chat. J’ai trouvé une raison d’avancer.
Hazel avait choisi son premier compagnon dans la rue. Elle m’a choisi ensuite. Et c’est tout ce qui compte.